Plus de la même chose

Pour une Médecine Humaine

Dr. Françoise Dencuff

Tout a commencé par un solennel : « Nous sommes en guerre ». Mais cela fait bien longtemps que le langage guerrier fait partie de notre profession. Nous sommes en lutte contre le cancer, nous avons des héros ordinaires, nous combattons la maladie…

Et le totalitarisme sanitaire ne remonte pas à cette déclaration presque risible à la manière d’un coq sur le haut du poulailler. Depuis plus de 20 ans nous ne sommes plus des médecins nous avons perdu la main par lâcheté et goût du pouvoir et de l’argent. La racine du mot médecine vient de med qui signifie remise en ordre. Voilà le cœur de notre métier : donner les moyens d’une remise en ordre à la personne qui nous demande de l’aide.

Pour cela il est évident que ce que nous devons d’abord considérer c’est que nous ne sommes pas seulement des techniciens du corps. Si nous mettons la personne au centre de notre attention, comme le dit si bien une de mes amies médecin, alors nous pouvons être vraiment son compagnon de route sur le chemin d’une meilleure santé.

Depuis plus de 40 ans je résiste farouchement à la dérive qui fait de la personne un objet de soin, du médecin un prescripteur et de la maladie une ennemie à abattre. Je l’ai payé très cher et ne regrette rien…sauf cette impression certes « égotique » d’avoir essayé de vider la mer avec une petite cuillère.

Non, Monsieur le Président, nous ne sommes pas en guerre, nous ne l’avons jamais été. La maladie n’est pas notre ennemie et les virus ne deviennent des armes que lorsque nous le décidons.

Non, Messieurs mes confrères, Mesdames mes consœurs nous ne sommes pas les guerriers d’un pouvoir aveugle, nous n’avons aucun territoire à conquérir. Nous ne « sauvons » personne. Nous aidons, soulageons, écoutons, soutenons et parfois aussi traitons. Mais avant tout nous sommes aux côtés de l’Autre.

Cet Autre qui tout à coup est présenté comme un danger, un ennemi qu’il faut à tout prix masquer et vacciner pour sauver « les autres ». Mais personne ne se demande de quoi faut-il les sauver.

Par « hasard », juste avant d’écrire, je suis tombée sur un article de Laurent Vercoustre[i] reprenant le concept de biopolitique de Michel Foucault : « la prise en compte de la vie et des processus biologiques de l’homme espèce » par le pouvoir. Il parle alors d’ »une étatisation du biologique« . Et nous ne pouvons que reconnaître dans ces heures hallucinées où des pays entiers se voient soumis à des décisions liberticides que « le biologique » est devenu objet de manipulations et de pouvoir. « La vie est devenue un enjeu des luttes politiques ».

Comment être en confiance avec un système de soin qui met en avant que la vie lui appartient ? Que lui seul sait ce qui est « bon ou mauvais » pour nous « sauver »… de la maladie et de la mort. Comment être en confiance quand ce système a comme axe central l’argent et l’avidité.

Il est une « blague » qui court dans les services de soins en s’appuyant sur la langue des oiseaux : sois niant et sois nié. Il nous faut reconnaître que c’est bien vu.

Je fais partie du collectif Réinfocovid depuis sa création et ne peut m’empêcher de remarquer que même là, malgré la bienveillance de son fondateur nous sommes dans le faire plus de la même chose. Par exemple nous parlons de médecine intégrative pour expliquer qu’il faut donner une place aux médecines dites alternatives. Mais la médecine comme remise en ordre a-t-elle besoin de sous-catégories, la médecine allopathique, homéopathique, intégrative, chinoise, quantique … Il n’y a qu’une seule médecine celle qui soigne l’Être qu’il soit individuel et/ou collectif. Or depuis fort longtemps nous traitons et nous ne remettons plus en ordre. Et nous allons le payer très cher. En termes humain et financier.

Alors que faire pour sortir de ces impasses et de ce sentiment d’étouffement et d’échec ?

Commencer par arrêter de vivre la maladie comme une ennemie. Elle est inhérente à la fragilité de l’être humain comme de tous les êtres vivants. Virus compris ! Et c’est bien cette fragilité qui fait si peur et dont peuvent se servir les gouvernants. Comme en 1940 nous nous retrouvons face à l’invasion de notre territoire mais là il n’est plus question de frontières, juste un virus qui ne les respecte pas, qu’elles soient terrestres ou immunitaires.

Depuis quelques jours même le Conseil scientifique reconnaît que nous devrons « vivre avec » mais, car avec ces scientifiques télégéniques, il y a toujours un mais. Donc à condition de bien respecter les gestes barrière, de protéger les plus fragiles etc. bref vivre sans cesse dans la peur … de mourir. Mesdames et Messieurs les conseillers vous avez inventé l’eau chaude car il est évident que nous avons tous peur de mourir, peur de l’arrachement, de l’inconnu, de la souffrance. Et c’est bien cela Vivre, accueillir nos fragilités, nos peurs, nos limites. Pensez-vous réellement que l’Intelligence artificielle changera quelque chose à cela ?

Alors si nous sommes en guerre ce n’est pas contre corona mais bien contre la vie dans tout ce qu’elle a de tragiquement beau. Cessons vite de mener cette guerre car nous la perdrons à coup sûr. Nous survivrons peut-être mais nous serons définitivement des zombies qui aurons échangé leur Être contre une fallacieuse sécurité.

Non Monsieur le Président, je ne suis pas en guerre, ni contre corona ni contre quelque maladie que ce soit. Je suis un être humain qui accueille mes limites avec humilité et ouvre simplement mon cœur et mes bras pour aider l’Autre sans vouloir franchir le Rubicon.


[i] https://blog.laurentvercoustre.lequotidiendumedecin.fr/2021/02/23/covid-19-et-biopolitique-la-lecon-de-michel-foucault/

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