
Un gardien de la paix et de la sécurité internationales est assis sur la place des visiteurs à l’extérieur du siège de l’ONU. Le gardien est une fusion de jaguar et d’aigle et offert par le gouvernement d’Oaxaca, Mexique @MexOnu. Il est créé par les artistes Jacobo et Maria Angeles.
Je dois avouer que je reste stupéfaite en découvrant cette image une semaine après le déclenchement des hostilités en Ukraine. Sérieusement une chimère gardien de la paix et de la sécurité ?
Alors bien sûr je ne peux m’empêcher de penser au texte de l’Apocalypse de Saint Jean. « La bête que je vis était semblable à un léopard, ses pieds étaient comme ceux d’un ours et sa gueule comme une gueule de lion. » Apocalypse 13:2
Pour commencer un petit rappel étymologique pour les nuls…apocalupsis en grec ancien veut dire dévoilement, révélation. Donc rien à voir avec la notion de catastrophe.
Bon la bête serait donc partie de la Révélation. Les choses se compliquent, révélation de quoi ? Devant l’ONU j’ai quelques hésitations quant aux notions de paix et de sécurité. Par contre ce symbole que les réseaux sociaux attribuent à l’art babylonien me laisse songeuse. Cette ville « fantastique » au sens étymologique du terme (irréelle/imaginaire) symbole s’il en est de l’orgueil humain. La bible en a fait le symbole de la tour de Babel, et le livre de l’Apocalypse celui de la société mercantile, décadente, déshumanisée et pervertie.
Alors comment le symbole de la « grande prostituée » a-t-il pu prendre place devant l’ONU ?
Intéressons-nous aux sculpteurs, Jacobo et Maria Angeles, tous deux originaires du village de San Martin Tilcajete au Mexique connu pour les Alebrijes, animaux fantastiques en papier mâché. Ces deux artistes ont aussi inspiré le film de Disney de Coco représentant la culture zapotèque. C’est Pedro Linares Lopez dans les années 1930 qui a commencé à représenter ces créatures oniriques.
Alors quel rapport avec l’Apocalypse ? À priori aucun. Il reste pourtant au fond des yeux et du cœur cette impression dérangeante de voir s’ériger une représentation « agressive » devant une institution à priori destinée à être garante de rapports harmonieux entre les nations.
Un « monstre » en devanture serait-ce un aveu face à la démesure, aux abus ou une provocation ? N’étant pas dans le secret des dieux concernant cette commande, je me contenterai de penser et de dire qu’il faut que les « onusiens » aient une vision particulièrement étrange de leurs actions pour confier la paix et la sécurité internationale à … une chimère ! Peut-être est-ce justement là que nous trouvons la « révélation ».