Dernier bulletin du Conseil National de l’Ordre des Médecins.
Tout d’abord l’éditorial de « départ » du président. Nous y apprenons que ce fut un honneur pour lui d’avoir présidé le CNOM depuis 2013 entouré d’équipes qui ont servi avec loyauté et conviction l’institution ordinale, ont tout fait pour protéger notre métier de médecin, ont tout mis en œuvre pour garantir la qualité des soins et la sécurité des patients.
Je suis étonnée que la primauté de l’engagement soit donnée à l’institution ordinale puis à la protection du métier (les médecins attaqués et/ou suspendus seront ravis de l’apprendre). Quant à la qualité des soins et la sécurité des patients ceux qui se sont vus conseiller : « domicile, doliprane, dodo et …si vous mourrez appeler le 15 », apprécieront.
Cela, me semble-t-il, en dit long sur l’importance que l’Ordre accorde à sa place auprès des patients. Ensuite il est question de gestion des crises traversées et de la totale indépendance de l’Ordre. Dont acte ! Et no comment !
Mais la dernière phrase semble tout droit sortie d’un conte de fées : Nous sommes tous ensemble des garants fondamentaux du devoir de bientraitance républicaine à laquelle aspire légitimement chaque citoyen français, et on se doit de nous respecter, de nous entendre, de nous aider pour cela.
Bref visiblement tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes… politiquement correct. J’avoue être interrogative quant à l’expression « bientraitance républicaine » au regard des deux années passées, de mes confrères interdits d’exercice pour avoir simplement voulu soigner leurs patients et à la stigmatisation des « non-vaccinés ».
Le bulletin nous gratifie (enfin se gratifie) d’une rétrospective des années Bouet. Alors là je perds mon calme. En vrac : l’ambition de l’ordre « être dans la vraie vie », être un interlocuteur essentiel dans le système de santé, avec comme mission entre autres un devoir de conseil sur les textes règlementaires.
Je vais arrêter là le panégyrique… pour ceux que cela intéresse voici la version en ligne :
C’est un petit encart en page 2 qui a surtout attiré mon attention : #soigner demain.
Voici les différentes propositions pour soigner demain. Nous atteignons le summum de la langue de bois technocratique.
7 axes :
Repenser la démocratie en santé… autrement dit encore plus de réunionites
Répondre aux objectifs populationnels de santé et de proximité par la création d’une mission territoriale publique : une responsabilité populationnelle collective. Et encore une couche, un tantinet démago qui plus est.
Optimiser et valoriser la place du médecin dans la coordination du parcours de santé du patient à l’échelle de son territoire de vie… je ne voudrais surtout pas être désagréable mais à priori c’est ce que faisaient les médecins avant que les agences de tous ordres viennent mettre la pagaille.
Développer une politique de santé publique répondant aux besoins d’une prévention universelle… je vous laisse lire je n’ai pas compris grand-chose si ce n’est la complexification de l’éducation à la prévention.
Optimiser la formation initiale au regard de l’exercice professionnel et de la société… je sens que je décroche.
Garantir le parcours professionnel répondant aux besoins de chaque médecin… je me noie
Adopter le numérique en santé au profit du patient… au profit du patient, vraiment ?
Touchée coulée. Voilà comment le CNOM souhaite améliorer la santé dans la novlangue si chère aux technocrates et incompréhensible au vulgum pecus. Ce que j’en retiens surtout c’est un décrochage abyssal entre les besoins des citoyens et des médecins (toutes et tous patients potentiels) et une mise sous le tapis de toute dimension relationnelle (vive le tout numérique, enfin surtout pour les mutuelles et big pharma). Je ne parlerai même pas des médecines complémentaires car chez Ubu Roi elles n’existent pas.
Le roi est mort, vive le Roi !