Bonnes Intentions !

Pour une Médecine Humaine

Il est évident que, depuis des dizaines d’années, les « bonnes intentions » représentent sans aucune honte la main mise d’une minorité sur le reste de la planète.

Ariane Bilheran nous donne un éclairage sur la différence entre charité et solidarité[1]. Et j’y adhère. La solidarité est sœur de la réciprocité. De l’échange « obligatoire ». Je rejoindrai le bon mot de Daniel Pennac : La solidarité est éminemment soluble dans le danger. Il nous est très simple de regarder les comportements de ces deux dernières années où l’épidémie, alimentée par la manipulation de la peur existentielle, a tout à coup révélé notre incapacité à être ensemble. Cette « solubilité » de la solidarité est d’ailleurs à deux faces : elle peut se dissoudre dans un grand mouvement de générosité (applaudissements des 20h) comme dans le rejet le plus radical de l’autre (masques, éloignement physique et social, culpabilisation…).

Dans tous les cas la solidarité se dissout car elle « ne pense qu’à soi ».

La charité repose sur la conscience que « rien d’humain ne m’est étranger« . L’autre c’est moi. Nous sommes alors dans une non-exigence vis-à-vis de l’autre et un amour inconditionnel. La réciprocité n’est pas motrice de la relation. La notion d’échange se verticalise. Car il est évident que le contre don existe mais qu’il n’est plus obligatoire. Je donne, je n’échange pas. Je donne sans condition simplement par amour de l’autre.

Fort de cette introduction passons au sujet initiateur de cet article les 17 ODD de l’ONU. ODD encore un acronyme abscons pour Objectifs de Développement Durable censés nous donner la marche à suivre pour parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tous. [2]

Avant de détailler ces objectifs, je me permettrais de donner une petite leçon aux technocrates qui ont écrit cette introduction. L’objectif ne peut pas être confondu avec le moyen… objectif n’est pas marche à suivre. Bref la carte n’est pas le territoire comme diraient les adeptes de la PNL.

Première entourloupe : en confondant l’objectif et les moyens ont fait croire que ceux-ci doivent être atteints de telle ou telle façon, que l’on vous donne le choix du chemin.

Voici ces 17 objectifs :

  • Donnez ce que vous n’utilisez pas
  • Gaspillez moins la nourriture et soutenez l’agriculture locale
  • Vaccinez votre famille
  • Aidez à l’éducation des enfants dans votre communauté
  • Autonomisez les femmes et les filles et défendez l’égalité de leurs droits
  • Évitez de gaspiller l’eau
  • Utilisez des appareils et ampoules basse consommation.
  • Créez des opportunités d’emplois pour les jeunes
  • Financer des projets d’infrastructure de base
  • Soutenez les personnes marginalisées et désavantagées
  • Privilégiez la marche, le vélo ou les transports en commun
  • Recyclez le papier, le plastique, le verre et l’aluminium
  • Agissez maintenant pour arrêter le réchauffement climatique
  • Évitez les sacs plastiques pour garder les océans propres
  • Plantez un arbre et protégez l’environnement
  • Défendez les droits de l’homme
  • Faites pression sur vos gouvernements pour augmenter le financement du développement.

Je ne les reprendrai pas un à un tellement il y aurait à commenter. Je me contenterai donc de les regarder globalement.

Vous avez remarqué que ces soi-disant objectifs sont conjugués à l’impératif. On pourrait imaginer dans le style: allez ranger votre chambre ou arrêtez de nous faire c … la décence exige que je me calme.

Outre le fait qu’il y a confusion entre objectifs et moyens ce ne sont pas des « invitations », des « propositions » ce sont des ordres !

Et ces ordres s’adressent à qui à votre avis ? À toutes celles et ceux qui, dans le meilleur des cas, pensent que l’ONU sert à quelque chose et dans le pire des cas à celles et ceux qui n’auront pas d’autre choix que d’obéir, par manque de conscience, de culture, de moyens de subsistance.

Ne pensez surtout pas que cela ne concerne que les pays hypocritement appelés « en développement ». Un petit exemple chez nous sur un magnifique territoire de ma Bretagne : Belle Ile en mer. Un caillou posé dans le golfe du Morbihan qui voit débarquer des hordes touristiques durant l’été. Territoire extrêmement attractif pour les personnes suffisamment « argentées » pour s’offrir un petit bout de paradis. Sauf que l’eau est rare sur ce caillou, peu ou pas de nappe phréatique et donc le maire passe son temps à faire des annonces aux résidents en leur demandant de limiter… le temps des douches. Mais il ne lui viendrait pas à l’idée que limiter les permis de construire de villas avec piscine serait un véritable objectif. Oui, mais ça ferait fuir les touristes et donc l’argent ce qui fâcherait une partie de ses électeurs. Voilà l’exemple même du faire semblant.

Lors de son élection en 2020 voici ce qu’il prédisait : Cette période inconnue auparavant est riche d’enseignements. Elle nous dit combien finalement nos sociétés sont fragiles, mais aussi combien parfois l’indispensable est à proximité. Si la solidarité a fonctionné de manière généreuse au moment de la veille solidaire, il faut qu’elle perdure dans les temps futurs. Avec mes collègues maires, nous partagerons avec vous la feuille de route. Car il est essentiel d’avoir un schéma d’anticipation et une boussole, car ici, à Belle-Île, la crise économique sera de fait pire qu’ailleurs »

Et voilà le grand mot est lâché… solidarité, dont la réciprocité est bien entendu le pognon. Au nom de la solidarité tout est permis surtout le pire car en jouant sur la peur et la culpabilité combien de personnes n’ont même plus les moyens de réfléchir.

Pensez-vous que la charité était présente quand les médecins refusaient de se déplacer pour aller voir leurs patients atteints du covid ? Pensez-vous que la charité était là quand les soignants suspendus n’ont reçus que mépris et parfois haine de leurs collègues ?

La charité comme nous le rappelle Ariane Bilheran ne peut pas s’exempter de la transcendance, du sacré dans la relation.

Cessons d’être solidaires et devenons charitables… en commençant par nous-mêmes. Soyons charitables et aimants avec nos peurs, nos colères et notre fragilité. Accueillons-les pour mieux retrouver l’essence de l’Homme. L’Amour.


[1] https://www.youtube.com/watch?v=qMMVIppx-Qw

[2] https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/