
C’est une réflexion d’un voisin et surtout la tristesse que j’en ai ressentie qui m’incite à écrire aujourd’hui. Le rencontrant dans un supermarché, je ne l’ai pas reconnu car il portait un masque FFP2 d’un rouge éclatant. Devant ma surprise et, je le reconnais bien volontiers, ma remarque sur l’inutilité des masques, il m’a dit : je viendrai t’apporter de la soupe quand tu seras malade. Ce que j’ai entendu derrière cette « prophétie » c’est : tu ne fais pas ce qu’il faut et tu vas tomber malade.
Les bras m’en tombent. Je sais que je n’aurai pas dû faire de commentaire car il est évident maintenant que l’hypnose de masse est monstrueuse. Pour autant peut-on ainsi se justifier d’un comportement en souhaitant du mal aux autres ? Tous les spécialistes de la psychopathologie vous expliqueront que les biais cognitifs engendrent des réactions violentes par mécanismes de défense ou incapacité à prendre du recul face aux croyances.
Alors face à ces réactions comment pouvons-nous agir ? Pas ré-agir car dans ce cas nous entrons obligatoirement dans un cycle violent. Je me suis juste contentée de le regarder bien en face en lui disant que j’aurai plaisir à en faire autant (lui porter de la soupe s’il « tombe » malade) ce qui l’a rendu perplexe. Puis je me suis éloignée en reconnaissant que chaque personne fait ce qu’il lui semble approprié.
Comment agir sans « alimenter la bête » en nous d’abord et dans le collectif. En faisant un pas de côté. Cette bête n’a rien à voir avec les dimensions apocalyptiques à la mode en ce moment. Elle est en lien avec les dimensions animales que nous avons à intégrer comme nous le rappelle Annick de Souzenelle.
Lorsque nous sommes dans une situation qui nous rend impuissants, le premier mouvement est justement de vouloir sortir de cette position très inconfortable et donc de réagir en se justifiant, agressant, rejetant.
Ce n’est pas un comportement constructif, ni pour nous ni pour la relation. Il est important avant tout de reconnaître notre sentiment d’impuissance et les émotions qui l’accompagnent : colère, tristesse, peur… Pas si simple d’accueillir cet état. Il s’agit de suivre un chemin qui s’apparente à celui du deuil. Le deuil de notre toute puissance, de notre besoin de reconnaissance, de notre peur d’être rejetés.
Ce n’est qu’à « ce prix » que nous pouvons alors faire un pas de côté. Laisser passer l’agression à côté de nous. Pour autant il ne s’agit pas de rester immobile, soumis, sans nous remettre en cause. Car faire un pas de côté, c’est aussi être attentif aux autres voies (voix) possibles.
Je suis particulièrement préoccupée par l’effondrement du système de soin. Effondrement matériel, psychologique et spirituel. J’ai donc orienté mon attention vers ce qu’il était possible de mettre en place en faisant ce pas de côté, en conscience.
La toute première épreuve consiste à renoncer à « faire comme il faut », faire comme il se doit… et donc si nous restons dans le registre moral, à désobéir. Certains me diront : facile. C’est oublier un peu vite nos programmations familiales et/ou culturelles. Désobéir est interdit, voire dangereux. Et nous savons depuis notre enfance qu’il y a un prix à cette désobéissance. Les soignants suspendus pour avoir respecté leur ressentis face au dogme vaccinal peuvent vous dire que le prix est lourd. Face au risque de la « punition », il convient alors de changer de niveau et de se poser la question essentielle : comment rester en phase avec le Vivant qui me traverse ?
Lorsque j’ai fait la remarque sur le masque, je n’étais pas mu par une volonté de dénigrement ou de reconnaissance. J’étais atterrée par l’obstacle à ce qui est important pour être vivant, la respiration et … le visage, c’est-à-dire la possibilité d' »envisager » l’autre, comme nous en parle si bien Levinas.
En lien avec mon article précédent : https://www.lamourmedecin.fr/?page_id=287 la liberté de faire n’est que le reflet déformé de la liberté d’être. Et nous sommes des êtres en relation, des êtres En-Vie.
C’est la réponse à la question du Vivant qui nous ouvre la porte de la liberté d’être et des choix parfois désobéissants. L’idée de la punition est intimement liée à une méconnaissance totale de l’énergie du Vivant. Il n’y a pas de punition mais il y a toujours le risque de sortir de notre zone de confort, de nos certitudes, de nos croyances. Ce n’est pas la vie qui punit mais les choix que nous faisons à partir de notre position de survie, donc de la peur du manque, de la colère, de l’humiliation, etc.
Demandons simplement à votre cœur de se mettre en résonance avec la Vie et Elle viendra vers nous en nous montrant tous les petits chemins, sinueux certes, souvent « semés de cailloux et bordés d’épines » qui nous permettront, avec de bonnes chaussures et en restant les yeux grands ouverts de quitter l’autoroute du faire comme il faut, de l’obéissance aveugle, du mode automatique.
Et de suivre ces chemins de santé sans ordonnances, prescripteurs, agences de tous ordres en suivant les indications de notre cœur.