A lire ou relire

Pour une Médecine Humaine

En naviguant au hasard sur la toile j’ai eu l’heureuse surprise de « tomber » sur un petit ouvrage particulièrement éclairant sur l’effondrement hospitalier: L’hôpital, une nouvelle industrie, Le langage comme symptôme de Stéphane Velut édité dans la collection Tracts chez Gallimard

Pour une fois l’analyse du malaise hospitalier ne se résume pas aux plaintes trop connues: manque de personnel, mauvaises rémunérations, fuite des médecins vers l’exercice libéral, etc. Pas de plainte donc, un constat douloureux et limpide: nous avons laissé s’installer sans réagir une « nouvelle langue » que nous ne pouvons ni ne voulons maîtriser.

Nous sommes tous conscients, patients comme soignants, que l’inflation administrative met à mal la dimension du soin et du prendre soin. Par contre nous n’avions pas cet éclairage qui met en lumière l’importance des mots en fonction des statuts, des métiers. Plus la profession est inutile plus le langage est abscons. Et malgré cette inutilité, pour prendre le pouvoir il faut se rende inintelligible  aux interlocuteurs que l’on veut « maîtriser ».

Nous connaissons tous les expressions langue de bois, politiquement correct… et bien nous, soignants, nous nous sommes « faits avoir » par ce langage totalement déconnecté de la réalité des soins. La langue techno-administrative est à l’opposé de notre façon d’exercer et d’être en relation avec le malade.  Nous restons des artisans, l’œil, la main, l’écoute sont les instruments de notre métier. La novlangue (1884, Georges Orwell) imposée depuis quelques années nous laisse démunis sur le bord du chemin face à l’inflation des tâches administratives: protocoles, réunions, logiciels et autres détournements de nos fonctions. Nous sommes là pour soigner, certes sans gaspillage, mais les techniques managériales, la dynamique des flux, le Lean management… n’ont en aucun cas résolu le problème du coût des soins. Au contraire.

Pour toutes celles et ceux qui sont sidérés par la déliquescence de nos exercices ce petit opus décrypte avec finesse les raisons du malaise et propose quelques voies de résolution. On reprend la main ?

Merci  au Pr Stéphane Velut